Génie Bio-Informatique
C'est une formation a double compétence en biologie et en informatique. Les objectifs visés sont la maîtrise des bases scientifiques nécessaires au traitement de l'information biologique, la maîtrise des techniques de base du traitement de cette information ainsi que la découverte du monde de l'entreprise dans le secteur biologie-santé.
Le parcours GBI (Génie Bio-Informatique), présent uniquement à l’Université de Poitiers, a pour but d’apporter aux étudiants des compétences à la fois en biologie et en informatique tout en les formant au monde de l’entreprise. Cette double formation se traduit par des enseignements d’informatique, dans lesquels les étudiants se familiarisent petit à petit avec le domaine de la programmation, du traitement d’image ou encore la syntaxe algorithmique, et également par des enseignements de biologie, comme la méthodologie en génie génétique et la physiologie. Au cours de la troisième année de licence, un projet annuel est mis en place, il est basé sur les techniques web et les bases de données. La langue anglaise est également importante dans ce parcours et va s’organiser lors du Semestre 5 autour d’un mini-colloque réalisé entièrement en langue anglaise, puis au Semestre 6 cette partie en langue anglaise concernera le secteur de l’entreprise. Les spécialisations commencent au semestre 6, par le choix de différentes options : physiologie ou biotechnologie, et essais cliniques ou imagerie médicale.
La suite logique de la licence 3 GBI est l’entrée en master Génie Physiologique, Biotechnologique et Bio-Informatique, toutefois la candidature dans d’autres masters, notamment le master Essais Cliniques, Médicaments et Produits de Santé de l’Université de Poitiers, reste possible.
Interview de Mme Annie Geniet, responsable de parcours :
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Pouvez-vous vous présenter en quelques phrases ? Dans quel laboratoire travaillez-vous ? Pouvez-vous décrire votre métier ? Quel est votre secteur de recherche ?
Mes activités de recherche et mes activités d’enseignement sont sans lien, aucun. J’ai une formation de mathématiques initialement, je suis allée jusqu’à l’agrégation de mathématiques puis j’ai fait une thèse en informatique. Mon laboratoire est le LIAS (Laboratoire d’Informatique et d’Automatique des Systèmes) et mon activité de recherche tourne autour du temps réel et des systèmes embarqués tels que les systèmes de pilotage automatique des avions, des voitures etc. Dans ce type d’activité, juste pour vous donner une idée, on a un gros programme informatique qui a beaucoup de choses à faire et il faut organiser le travail, c’est ce que l’on appelle de l’ordonnancement. La caractéristique que l’on a en temps réel c’est que le temps est très important. Il faut organiser les choses pour les faire dans les délais qui sont prévus au départ. On est donc très loin de tout ce qui se passe fondamentalement dans notre formation. Là c’est un autre pan d’activité qui est en jeu sur lequel je me suis par ailleurs formée, sur lequel j’ai acquis un certain nombre de compétences sans lien avec mes activités de recherche.
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Quelles aptitudes et techniques sont nécessaires à l’exercice de votre métier ?
Je fais de la recherche extrêmement fondamentale, c’est de la recherche qu’on appelle en amont, c’est-à-dire papier-crayon donc prouver des méthodes, mettre en place des algorithmes, des modèles mathématiques avec des systèmes de preuves. Alors concernant les compétences que cela m’apporte, c’est évidemment une bonne connaissance du domaine de l’algorithmique, du domaine de la formalisation, de la modélisation, et cela sert de façon transverse, y compris dans les secteurs plus liés à la biologie.
En termes d’enseignement, j’enseigne uniquement des UE d’informatique.
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Quelles sont les différentes UE qui sont proposées en L2 et en L3 ?
Le parcours s’appelle Génie Bio-Informatique, on pourrait également l’appeler « génie biologique et informatique » qui correspond mieux à ce que l’on fait.
Au niveau des UE, en L2 je parlerai uniquement de tout ce qui est lié à l’option. Il y a une UE qui tourne autour du cycle de vie du médicament et la pharmacologie. Il s’agit de découvrir toutes les étapes qui conduisent à la production d’un médicament avec les différentes phases, les test in vitro, in vivo sur des personnes saines ou malades, la mise en évidence des bénéfices du médicament etc. Toutes ces étapes sont importantes et correspondent à différents métiers. Par ailleurs, le médicament doit être absorbé par l’organisme puis être éliminé. L’étude des mécanismes en jeu correspond plutôt au domaine de la pharmacologie. On est donc plus sur de la biologie au sens plus classique.
La deuxième UE de L2 est un enseignement de découverte des bases de données WEB. Il s’agit d’une premier contact avec de l’informatique. Manipuler des bases de données peut dans tous les cas servir à n’importe quel biologiste puisque la biologie brasse un très grand nombre de données qu’il faut bien organiser pour pouvoir ensuite les exploiter. Les bases de données sont donc extrêmement importantes dans tous les métiers qui associent biologie et informatique d’où l’importance de commencer à les découvrir. Cela permet également de tester un peu cette nouvelle discipline et voir si cela peut vous plaire ou si au contraire vous vous dites « non, ce n’est pas pour moi »
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Au niveau de la L3, les UE sont réparties de façon équitable entre des UE de biologie et des UE d’informatique.
En biologie, au premier semestre, on commence avec trois UE. La première UE est une UE de physiologie du corps humain dans laquelle vous passez un peu tout en revue, comme la physiologie cardiaque, digestive, musculaire, la reproduction, le système urinaire ou encore la neurologie.
Ensuite il y a une UE transverse à tous les parcours : la méthodologie en génie génétique. C’est la découverte de techniques utilisées en génétique, dont quelques outils bio-informatiques. Cela permet de voir à quoi ces outils servent vu du côté des biologistes. Il y a également une UE sur les méthodes de mesure en biologie, c’est l’UE biomédicale, qui est partagée avec le parcours BBMCG.
Du côté de l’informatique, il va y avoir une UE d’initiation à l’informatique. On repart de zéro en L3. On commence par une petite découverte du matériel, pour comprendre ce qu’est un ordinateur et comment cela fonctionne. Et ensuite, on s’initie à la programmation. Cela se conclue au premier semestre par un projet. Cette année les étudiants doivent faire un projet qui simule le fonctionnement d’une société de prestation de cuisine à domicile, c’est dire qu’ils vont devoir prendre les commandes, mesurer les indices de satisfaction, gérer les factures etc.
En même temps, il y a un projet annuel qui s’appuie sur les techniques web et les bases de données. L’objectif est d’expérimenter toute la chaîne, à partir de la demande d’un client. On a un client qui dit « j’ai besoin d’un site web avec une base de données qui fait ci ou qui fait ça », il sait ce qu’il veut mais il ne sait pas comment le faire. Il va donc faire appel à un prestataire qui va réaliser le travail pour lui. Il faut donc être capable de décrire ce que l’on veut, cela concerne la partie client. Ensuite, il faut réaliser ce qu’a voulu le client et cela c’est la partie prestataire. Ensuite le client va récupérer son produit et il doit être capable de le valider, donc de vérifier que le produit est conforme à ce qu’il voulait. Cette étape de validation est très importante pour nous puisque dans les entreprises pharmaceutiques, chaque fois qu’un outil informatique est utilisé il doit être validé. Il faut donc prouver qu’il a un fonctionnement correct et cette preuve fait partie des documents fournis dans les dossiers d’autorisation de mise sur le marché. En effet, si pour étayer le bien-fondé de la demande d’autorisation de mise sur le marché, il faut s’appuyer sur des résultats produits par un logiciel, il faut prouver que ce logiciel est fiable.
On commence par une formation sur les bases de données. Ce sont les étudiants de M2 qui font les TP de cet enseignement. C’est dans le cadre d’une formation à la formation c’est-à-dire qu’ils apprennent à apprendre. Ce sont des séances de quatre heures de TP avec une préparation en amont avec les enseignants référents qui vérifient ce que les étudiants de M2 ont prévu, en discutent et apportent des corrections si besoin. Les enseignants sont présents les deux premières heures pour apporter des compléments de cours, expliquer certaines choses, et puis ensuite, les étudiants de M2 accompagnent les L3, ils passent d’un groupe à l’autre pour corriger les erreurs.
Ensuite au second semestre, il y a des options et c’est là que commencent les spécialisations. La première option consiste à choisir de se spécialiser en physiologie ou alors en biotechnologie. En physiologie, on va faire de la physiologie cellulaire et de l’électrophysiologie. En biotechnologie on va faire de la biotechnologie microbienne, végétale et animale avec un aspect assez important de bio-informatique, vu du côté des biologistes.
Le deuxième choix va se faire entre une UE orientée essais cliniques : il s’agit de découvrir comment fonctionne un essai clinique, comment est mis en place un protocole d’essais clinique, quels sont les outils informatiques qui accompagnent la gestion de ces essais cliniques. L’autre UE possible est une UE orientée imagerie médicale, qui explique comment traiter une image médicale pour la nettoyer, enlever les saletés, savoir rendre l’image nette et lisible, en augmenter les contrastes ou sélectionner seulement la partie que l’on souhaite. On vous montre aussi comment créer des images.
A côté de cela, il y a deux UE d’informatique. La première est la poursuite de la découverte de la programmation. Et la seconde est orientée systèmes d’exploitation et réseaux, ce sont des aspects liés au matériel.
On retrouve enfin des UE transverses, anglais et professionnalisation. Au premier semestre, pour la partie anglais, outre l’anglais traditionnel et un travail sur les lettres de motivation, les CV et la recherche de stage, on organise un mini colloque en neurologie. Les étudiants présentent un sujet de leur choix sur le thème de la neurologie, certains ont par exemple choisi la maladie d'Alzheimer, d’autres celle de Parkinson, ou encore les rêves, c’est un choix vraiment libre. Ils font une présentation, avec un livret contenant les résumés. Et tout cela se passe en langue anglaise. Au second semestre, cette partie en langue anglaise va plutôt concerner le fonctionnement des entreprises, qui est le secteur visé par la suite.
Et puis il a le stage, qui dure deux à trois mois, soit 44 jours ouvrés pour les stages en France qui ne peuvent pas être rémunérés, typiquement à l’hôpital ou dans certaines structures, ou trois mois pour les autres. Beaucoup de stages se font à l’étranger.
Pour avoir les détails des UE :
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Quels TP proposez-vous ?
Il y a quelques TP de biologie proposés en L3. Ils vont concerner les TP de Méthodologie en Génie Génétique, en Génie biomédical ainsi qu’en physiologie et en génie biotechnologique. L’idée étant que si l’on doit travailler avec des biologistes, on doit être capable de comprendre ce qu’ils font. Toutefois, nos métiers ne seront jamais à la paillasse.
Ensuite on a beaucoup de TP en informatique, qui consistent à mettre en pratique ce qui est vu en cours et en TD, à savoir écrire de programmes, les réaliser et voir comment ils tournent. Au niveau de l’organisation, c’est globalement toujours la même. Il y a un cours qui explique les concepts, ensuite des exercices relativement courts en TD qui permettent de mettre ces concepts en pratique en trouvant des solutions à un problème concret. On va toujours partir d’un problème concret et ensuite on va écrire des algorithmes pour se familiariser avec la syntaxe. Ensuite, en TP, on va aller un peu plus loin par rapport à ce que l’on peut en TD, c’est-à-dire que l’on va voir comment on saisit le programme, comment on l’exécute, ce que cela produit, etc. On a quelque chose de plus grande ampleur.
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Vers quels masters ouvrent cette licence ? Et vers quels métiers ?
Nous avons un cursus vraiment conçu sur trois années. Le master Génie Physiologique, Biotechnologique et Bio-Informatique, qui est la suite logique de la licence, a un nombre de places limitées suffisamment élevé pour que l’on ait eu jusqu’à présent la possibilité d’accueillir tous les étudiants ayant validé leur L3 GBI. C’est une structure L3-M1-M2, comme une école d’ingénieurs en fait. Si des étudiants en provenance d’un autre parcours de l’Université de Poitiers souhaitent rentrer dans notre master, ils peuvent, mais c’est compliqué, il est préférable de refaire une année de L3. Même si cela leur fait perdre une année, ce n’est pas réellement une année perdue puisqu’elle vous permet de vous familiariser avec l’état d’esprit et elle vous laisse le temps d’acquérir correctement toutes les compétences nécessaires et ainsi de ne vous fermer aucune porte. Par exemple, un étudiant sortant de BBMCG ou de PAN qui intègre directement le master ne peut pas se diriger vers l’imagerie, alors qu’un étudiant qui refait sa L3 peut tout à fait s’y diriger en master. Vraiment, si vous souhaitez vous réorienter, faites-le dès la L3, le jeu en vaut la chandelle compte tenu des possibilités d’emploi qu’il y a derrière.
Ensuite, les étudiants peuvent également postuler au master ECMPS (Essais Cliniques, Médicaments et Produits de Santé) de l’Université de Poitiers, cela se fait peu puisque le master ECMPS débouche principalement vers le métier d’Attaché de Recherche Clinique, qui est assez spécialisé, alors que notre master ouvre des débouchés plus larges avec un panel d’activité un peu plus large dans le secteur des Essais Cliniques. Il y a très peu de différence entre les deux M1, une ou deux UE diffèrent, donc parmi ceux qui veulent travailler dans les essais cliniques, la majorité reste dans notre master.
En ce qui concerne les débouchés, il y en a beaucoup, plus de 80 métiers différents, et il y a surtout 100% d’embauche après. Quand les étudiants soutiennent leur stage en fin janvier pour valider leur diplôme, ils ont, pour 80%, déjà signé leur contrat et certains sont même déjà en CDI alors qu’ils ne sont pas encore diplômés. Nos étudiants trouvent facilement, ceux qui ne trouvent pas sont des personnes qui ont des contraintes géographiques très fortes ou alors des personnes qui, pour des raisons personnelles, on retardé leur recherche d’emploi.
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Quel est le taux de réussite de votre parcours ?
Dans l’ensemble, il est plutôt bon, mais cela dépend des années. L’année dernière, sur 50, il y a eu 48 reçus. L’année d’avant, c’était un peu moins bon, sur 58 étudiants inscrits, il y a eu 5 redoublants. Il y a des fluctuations, cela dépend des années.
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Quelles sont les compétences attendues à la fin du master, le parcours étant construit sur 5 ans ?
Les compétences attendues sont très variables compte tenu des débouchés extrêmement diversifiées, et des options choisies. Certains étudiants vont mettre l’accent sur leurs compétences en informatique, d’autres plutôt sur la gestion de projet et sur les compétences organisationnelles, d’autres encore vont mettre le focus sur l’imagerie médicale. Ce que l’on attend, ce qui est transverse à tous, ce sont des compétences métier, et cela va être renforcé par un master 2 qui est à plus de 80% suivi en alternance. Les formations métiers sont extrêmement poussées dans le cadre de l’alternance. On attend aussi un certain comportement professionnel puisqu’au sortir du master, les étudiants sont souvent déjà en responsabilité. Ils n’ont pas besoin d’être formés à la connaissance de l’entreprise en sortant du master, c’est déjà fait.
C’est donc un master complètement professionnalisant. Même s’il nous arrive d’avoir des étudiants qui poursuivent en thèse, cela reste anecdotique, ce n’est pas notre objectif et on ne les forme pas pour cela. C’est vraiment une formation qui vise à l’insertion professionnelle à BAC +5 avec des enseignements très orientés professionnalisation dès le M1. Par exemple, des représentants d’entreprises viennent présenter leurs métiers. Le master comporte des UE de préparation à la vie professionnelle extrêmement poussées et très encadrées qui permettent aux étudiants de définir leur projet professionnel.
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Y-a-il une sélection à l’entrée du master pour les étudiants venant de la licence 3 GBI ? Ou bien sont-ils automatiquement admis dans le master après validation de la licence ?
Techniquement, il y a obligatoirement une sélection, c’est une obligation légale. Maintenant, jusqu’à présent, nous n’avons jamais refusé l’entrée en M1 à un étudiant qui a validé sa L3. Ce n’est toutefois pas impossible, par exemple pour des raisons d’attitude et de comportement, ou pour des étudiants clairement mal orientés. L’attitude et le savoir être sont des éléments importants. En effet, les entreprises s’attendent à un certain savoir-être chez nos étudiants.
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Est-ce que cette licence se retrouve ailleurs en France ou est-elle uniquement proposée à Poitiers ?
Ce cursus n’existe qu’à Poitiers en France. Nous avons essayé de trouver une équivalence à l’échelle mondiale pour pouvoir mettre en place des partenariats à l’international mais nous n’avons jamais trouvé. Ce qui, du reste, complique un peu les choses pour les étudiants qui veulent faire un semestre Erasmus. Il faut avoir des enseignements de biologie et d’autres d’informatique et en général ces enseignements ne se trouvent pas dans la même faculté donc c’est assez compliqué.
Cela explique, du reste, l’intérêt que nous témoignent les entreprises. Le label G-Phy, label du master, est connu par tout le monde, y compris au niveau des offres d’emplois. Au niveau des stages de M1, les entreprises viennent sur site fin janvier pour recruter leur stagiaire de M1, et elles ne viennent pas seulement de France mais également de l’étranger. Elles savent qu’elles vont trouver chez nous des stagiaires qui les intéressent. Il y a une forte concurrence entre ces entreprises, et l’année dernière nous avons même du limiter leur venue en raison du nombre d’étudiants, et ne faire venir que nos partenaires officiels.
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Pour finir, pour quel étudiant cette licence est-elle faite ?
Ce parcours est fait pour des gens qui aiment la biologie, qui ont envie de découvrir l’informatique et qui ont envie de se situer aux confins des deux, sachant que cela veut dire renoncer à une activité paillasse. Notre filière, c’est un emploi à BAC +5 dans des secteurs assez différents. Il faut vouloir mettre de l’informatique dans sa vie et dans son métier.

