Cursus Master Ingénieurie
Le CMI (Cursus Master en Ingénierie santé) est une option qui se fait de la première année de Licence à la dernière année de Master. C'est une formation renforcée sur cinq ans, s'appuyant sur des licences et Masters existants, et débouchant sur des fonctions d'ingénieur.
Cette option délivre un label d’ingénieur. Elle est évaluée sur les mêmes critères qu’une école d’ingénieur, à savoir les 14 semaines de stage en entreprise minimum, les points du TOEIC et les 3 mois à l’étranger.
Cette option a d’autres unités d’enseignement spécifiques : comme de l’anglais renforcé. Il y a également des UE d’ouverture d’esprit mais aussi des mathématiques et de la bio-informatique.
Par rapport au parcours « normal », le CMI rajoute un volume horaire de 20 %. Il s’appuie sur les parcours BBMCG, PAN et GBI et sur 6 Masters après.
Interview du responsable de CMI : Mr Arnaud MONVOISIN
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Pouvez-vous vous présenter ? Quel est votre métier ? Dans quel secteur d’activité travaillez-vous ? Quelles aptitudes et techniques sont nécessaires à l’exercice de votre métier ?
Je suis enseignant-chercheur à l’Université de Poitiers depuis 2005. J’enseigne la Biologie Cellulaire (section 65) à l’UFR SFA et j’exerce mon activité de recherche dans le laboratoire STIM dirigé par le docteur Bruno CONSTANTIN. Celle-ci est centrée sur le rôle des connexines (protéines membranaires) dans la cancérogenèse avec comme modèle le cancer de la prostate. Nous savons que les cellules cancéreuses prostatiques métastasent préférentiellement dans l’os à partir de la tumeur primaire. Nous avons émis l’hypothèse que l’une de ces connexines, la connexine 43, a un rôle important dans ce ciblage et c’est ce que nous sommes en train d’étudier in vitro et in vivo.
Parallèlement à cela, je fais de l’enseignement principalement des travaux pratiques (TP) en deuxième et en troisième année de licence puis des cours en Master. Je suis le responsable depuis trois ans du Cursus Master en Ingénierie « Biologie-Santé » (CMI).
Les aptitudes nécessaires pour faire ce métier sont la curiosité, la persévérance, l’objectivité pour le côté « chercheur » et la rigueur, la facilité à s’exprimer, la pédagogie pour le côté « chercheur ». J’apprécie d’être constamment en lien avec les étudiants notamment au travers des stages en laboratoire pour faire partager nos connaissances et notre passion.
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Quelles sont les unités d’enseignement (UE) proposées en CMI et lesquelles jugez-vous les plus importantes ?
Avant toute chose, j’aimerais définir ce qu’est un Cursus Master en Ingénierie. Il s’agit d’une formation universitaire qui dure 5 ans pendant laquelle les étudiants suivent un parcours de Licence et de Master classique auquel sont ajoutés des cours complémentaires qui correspondent à 20% d’heures supplémentaires. Une trentaine d’Universités réparties sur toute la France propose ce type de formation, tout cela étant coordonné par le réseau Figure qui définit et fixe les conditions pour que les étudiants obtiennent le label CMI.
Les étudiants inscrits en CMI (couramment appelés CMIstes) suivent donc des cours supplémentaires, assez différents. Il va y avoir notamment des enseignements dits d’« ouverture sociétale, économique et culturelle » (ou OSEC) qui permettent aux étudiants d’acquérir des compétences notamment en communication (parler en public, confiance en soi…) par le biais du théâtre d’improvisation, en connaissance de l’entreprise (création d’entreprise, management…) grâce à l’intervention de professionnels du secteur privé et en gestion de projet.
L’anglais étant la langue utilisée très majoritairement en science, il existe en CMI des cours de renforcement en anglais. Les étudiants sont évalués en L2 en passant une première certification (CLES) puis en M2 en passant une seconde certification (TOEIC) pour laquelle un score de 785 minimum (sur 990) est exigé pour prétendre au label (ce qui correspond à un niveau ingénieur).
Des cours de seconde langue (espagnol ou allemand) sont également mis en place en master.
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Quelles compétences techniques sont attendues à la fin du parcours ?
Les CMIstes qui auront choisi doivent à la fin de leur parcours maitriser les techniques de base pour évoluer dans un laboratoire de recherche privé ou public. Plus spécifiquement, les CMIstes engagés dans le parcours « bioinformatique » devront maitriser les logiciels et les langages informatiques propres à cette discipline.
Pour arriver à cela, les étudiants ont dès la première année (contrairement aux autres étudiants de L1) des séances de travaux pratiques (TP) ainsi qu’un complément de TP en deuxième année.
En troisième année, les étudiants réalisent un projet en autonomie : au premier semestre, selon le sujet donné, les étudiants préparent les protocoles qui seront mis en œuvre au second semestre. Les étudiants disposent d’espaces communs pour pouvoir faire des réunions et faires les expériences. Tout cela est cordonné par les CMIstes en M2 qui sont mes seuls interlocuteurs en cas de questions ou de problèmes. Ils mettent donc à profit leurs compétences de management acquises au cours de l’année de M2. Ce travail donne lieu à une présentation orale des résultats obtenus qui ne me sont pas préalablement communiqués.
Il est important de savoir qu’un CMI, où qu’il soit, est adossé à un ou plusieurs laboratoires de recherche comme c’est le cas pour le CMI « Biologie-Santé » de Poitiers. Ces laboratoires participent activement à la formation des CMIstes en les intégrant dans leurs équipes de recherche dès la première année sous la forme d’un stage d’observation, qui donnera lieu à un rapport bibliographique. En deuxième année, une seconde expérience plus technique réalisée toujours au sein de ces laboratoires est également exigée.
Enfin, les CMIstes de L3, M1 et M2 parachèvent leur formation technique par d’autres stages qui sont inclus dans leur parcours de base.
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Est-ce qu’il y a beaucoup de stages avec le cursus CMI ?
Afin d’obtenir le label CMI, les étudiants doivent avoir réalisé au minimum 28 semaines de stage dont 14 semaines minimum en entreprise comme cela est exigé pour une formation d’ingénieur.
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Les stages doivent-ils se faire à l’étranger ?
Une autre exigence pour obtenir le label CMI est effectivement d’avoir effectué un séjour à l’étranger d’une durée minimum d’un mois. Cette mobilité internationale peut prendre la forme d’un stage ou d’un échange universitaire d’un semestre ou d’une année grâce à des programmes tel que Erasmus.
En pratique, ici à Poitiers, les étudiants décident souvent de poursuivre leur étude en 3ème année à l’étranger ou en stage pour les étudiants du parcours « bioinformatique ». Les autres choisissent plutôt de partir en stage en laboratoire de recherche.
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Sur quel parcours s’appuie le CMI ?
En licence « Sciences de la Vie », le CMI « Biologie-Santé » s’appuie sur trois parcours : BBMCG (Biochimie, Biologie Moléculaire, Cellulaire et Génétique), PAN (Physiologie Animale et Neurosciences) et GBI (Génie Bio-Informatique).
En master, le CMI « Biologie-Santé » s’appuie sur six parcours : les quatres de la mention « Biologie-Santé » (« Biologie Cellulaire Génétique et Pathologies », « Microbiologie et Immunologie », « Neurosciences » et « Physiologie, Physiopathologies et Pharmacologie ») et deux de la mention « Ingénierie de la Santé » (« Génie Cellulaire » et « Génie Physiologique, Biotechnologique et Informatique »).
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Est-ce que vous proposez des TP ?
Oui, comme je l’ai dit précédemment des séances de travaux pratiques sont proposés aux CMIStes en L1 (pour compenser leur absence en Biologie depuis cette rentrée) et en L2 afin qu’ils acquièrent rapidement les gestes de base.
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Quel est le taux de réussite du parcours ?
C’est difficile de répondre à cette question par un chiffre significatif puisque nous n’avons eu pour le moment qu’un nombre relativement petit d’étudiants labellisés. Néanmoins, je peux dire que la majorité d’entre eux ont trouvé du travail ou alors ont poursuivi leur formation en thèse, deux critères de réussite selon le réseau Figure.
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Vers quels Masters ouvre le CMI ?
Comme je l’ai dit précédemment, le CMI « Biologie-Santé » s’appuie sur six parcours : les quatre de la mention « Biologie-Santé » (« Biologie Cellulaire Génétique et Pathologies », « Microbiologie et Immunologie », « Neurosciences » et « Physiologie, Physiopathologies et Pharmacologie ») et deux de la mention « Ingénierie de la Santé » (« Génie Cellulaire » et « Génie Physiologique, Biotechnologique et Informatique »).
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Comment se passe la sélection ?
L’admission se fait via la plateforme Parcoursup sur laquelle les lycéens postulent spécifiquement pour entrer dans le parcours CMI « Biologie-Santé ». La sélection se fait sur dossier (relevés de notes, lettre de motivation…) puis sur entretien de motivation. Pour vous donner un ordre d’idée, sur la centaine de dossiers reçus, nous en sélectionnons généralement une soixante puis nous répondons favorablement à une quarantaine de candidats. A la rentrée, nous avons une promotion de 15 et 20 étudiants par an, les autres candidats retenus préférant partir vers d’autres formations (CPGE, médecine, autres CMI…).
Il est également possible de postuler pour des étudiants de CPGE ou ayant obtenu un diplôme universitaire de technologie (DUT) pour entrer directement en 2ème ou en 3ème via une demande de candidature exceptionnelle.
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Est-ce que le redoublement signifie l'arrêt du cursus CMI ?
Bien évidemment, redoubler son année universitaire signifie l’arrêt du CMI.
IL faut savoir que le CMI est évalué sur l’ensemble de l’année, les UEs du 1er et du 2ème semestre étant répartis dans des blocs. A la fin de l’année, l’étudiant doit obtenir au minimum 10 de moyenne pour chaque bloc, sachant qu’il n’y a pas de compensation entre les blocs. Ainsi, un étudiant peut valider son année « classique » mais pas le CMI parce qu’il n’a pas obtenu la moyenne à un bloc. Dans ce cas-là, il a la possibilité d’aller de repasser certaines UEs en seconde session pour tenter de le valider et continuer l’année suivante.
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Quels sont les avantages et les inconvénients de ce parcours ?
Le CMI est une formation sur 5 ans débouchant sur des fonctions d’ingénieur, sans en délivrer le titre, qui s’appuie sur des laboratoires de recherche reconnus nationalement et internationalement dans lesquels les étudiants sont tout de suite immergés. Le contact avec des professionnels du monde de la santé qui interviennent dans la formation en donnant des cours et lors des stages en entreprise est évidemment un atout pour comprendre ce domaine et tisser des liens.
Les stages et les projets, notamment en autonomie, mis en place sont aussi un avantage pour développer les compétences intellectuelles et techniques des étudiants.
Evidemment il peut y avoir des inconvénients liés au surplus horaire imposés par cette formation. Ainsi, outre l’augmentation de la charge de travail pour l’étudiant chaque année, il faut parfois s’adapter à des horaires de cours atypiques, le soir ou le samedi par exemple.
Augmenter la visibilité de notre formation auprès des entreprises du domaine de la « Biologie-Santé » est l’un des points majeurs sur lequel nous travaillons en concertation avec le réseau FIGURE.
Enfin, partir à l’étranger a un coût qui n’est pas pris en charge par la formation. Les étudiants doivent donc en être conscients assez rapidement pour mettre de l’argent de côté.
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En deuxième année tout les parcours ne sont pas accessible pour les CMI, les étudiants sont-ils bien renseignés ?
Oui bien sûr, après ils découvrent parfois des parcours qui ne sont pas dans le CMI et de ce fait, ils arrettent le CMI.
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Pour quel étudiant est fait ce cursus ?
Ce cursus est à destination de lycéen(ne)s issus d’un bac S ayant un bon niveau scientifique et qui ont acquis une bonne méthode de travail pour s’adapter rapidement aux 20% d’heures complémentaires. Un bon niveau en anglais est également primordial. Les candidats doivent montrent une grande motivation pour ce cursus et bien se rendre compte qu’il dure 5 ans. C’est un marathon, pas une course de 100m !